Crash !
Cinéma accidentel/anomalie architecturale
carnet de recherche Communication dans le cadre de la Summerschool de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, “Cinéma et art contemporain 3”. INHA, Paris, juillet 2010.
Article publié dans Elena Biserna & Precious Brown (Dirs), Cinéma, Architecture, Dispositif. Campanotto Ed.︎
Le difforme suit la dysfonction.
Cette communication se fonde, d’une part, sur l’analyse d’un film, « Monster Movie » de Takeshi Murata et d’autre part, sur l’étude des propositions architecturales de l’agence d’architecture R&Sie(n), présentées en 2010 au Laboratoire, à Paris, dans l’exposition « An architecture des humeurs ». Le film de Murata, basé sur l’esthétique du glitch et du datamoshing, se fonde sur les défauts de compression de l’image vidéo numérique là où le projet architectural de François Roche se veut l’expression architecturale de malentendus, de contingences et de variables émotionnelles. Le rapprochement ou la confrontation entre le film et le projet me permet d’aborder les rapports entre architecture et cinéma dans une même époche technologique, celui de la programmation et du code. Je propose en particulier d’entrevoir dans le parallèle entre les images-glaises de Murata et les structures-bioplastiques de Roche une position de retrait vis à vis de toute forme définitive et décidée, un même intérêt cinématique pour ce qui se déforme « monstrueusement ». Cette sensibilité à la transformation, celle des textures et de la « matière », révélerait dans ces deux œuvres leur caractère hautement fictif. Le terme de fiction pourrait s’entendre en effet dans une dimension très concrète, si l’on veut bien considérer un aspect oublié de son étymologie, où la fictio (action de façonner, et pas seulement de feindre), se disait du potier (figulus) en train de modeler (fingere) des formes dans l’argile. Enfin, je choisis le qualificatif « accidentel » pour insister sur l’inattendu et l’aléa technique comme conditions préalables d’un certain cinéma expérimental et le terme d’« anomalie » pour qualifier un mode de conception architecturale ostensiblement programmé vers l’irrégulier et l’imprévisible. Par là, j’entends montrer ce que les deux expériences pointent philosophiquement, à travers leur quête d’heureux hasards et l’exploration systématique d’accidents positifs.
crédits images : Takeshi Murata & François Roche
Cette communication se fonde, d’une part, sur l’analyse d’un film, « Monster Movie » de Takeshi Murata et d’autre part, sur l’étude des propositions architecturales de l’agence d’architecture R&Sie(n), présentées en 2010 au Laboratoire, à Paris, dans l’exposition « An architecture des humeurs ». Le film de Murata, basé sur l’esthétique du glitch et du datamoshing, se fonde sur les défauts de compression de l’image vidéo numérique là où le projet architectural de François Roche se veut l’expression architecturale de malentendus, de contingences et de variables émotionnelles. Le rapprochement ou la confrontation entre le film et le projet me permet d’aborder les rapports entre architecture et cinéma dans une même époche technologique, celui de la programmation et du code. Je propose en particulier d’entrevoir dans le parallèle entre les images-glaises de Murata et les structures-bioplastiques de Roche une position de retrait vis à vis de toute forme définitive et décidée, un même intérêt cinématique pour ce qui se déforme « monstrueusement ». Cette sensibilité à la transformation, celle des textures et de la « matière », révélerait dans ces deux œuvres leur caractère hautement fictif. Le terme de fiction pourrait s’entendre en effet dans une dimension très concrète, si l’on veut bien considérer un aspect oublié de son étymologie, où la fictio (action de façonner, et pas seulement de feindre), se disait du potier (figulus) en train de modeler (fingere) des formes dans l’argile. Enfin, je choisis le qualificatif « accidentel » pour insister sur l’inattendu et l’aléa technique comme conditions préalables d’un certain cinéma expérimental et le terme d’« anomalie » pour qualifier un mode de conception architecturale ostensiblement programmé vers l’irrégulier et l’imprévisible. Par là, j’entends montrer ce que les deux expériences pointent philosophiquement, à travers leur quête d’heureux hasards et l’exploration systématique d’accidents positifs.
crédits images : Takeshi Murata & François Roche