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Floating Things

workshop résidence de recherche — création au Bel Ordinaire. Pau, décembre 2018.
écopes...





Laisse…[1]
(ou la mémoire du risque)

Laisse, comme laisse-moi… Laisser faire… Laisse tomber…
Objets flottants, d’abord. Fragments à la dérive. Simples choses, tombées, perdues, arrachées, égarées. Indistinctes ou indifférentes. Noyées, brassées au ralenti dans le noir profond des eaux. Puis échouées, naufragées sur des miles et des miles de berges ou d’estrans. Pures formes, substances élémentaires poussées vers le dehors par le jeu des contingences. Toujours aveugles et centrifuges. Proies faciles, docilement guidées, mathématiquement compilées, compressées en toutes sortes d’agencements sales. Et pourtant, prometteurs, accueillants[2], aussi riches et utiles que le hasard d’un feutre. Records : lignes supérieures d’une marée ou d’une crue qu’aucune vague, qu’aucun débit supplémentaire n’a su atteindre pour en ravir l’effet. Nuages de points solides. Paysages statistiques[3]. Débâcles, embâcles. Réderies sauvages.
La laisse : collection de déchets, d’êtres déchus — du verbe choir.
La laisse : partout où le réel s'intensifie autant qu’il se grisaille.
[1]    La laisse désigne l’ensemble des traces et débris d’origine naturelle ou artificielle, déposés par les submersions marines (laisse de mer) ou par les inondations (laisse de crue).
[2]    Le long des océans en particulier, la laisse constitue et compose un biotope spécifique. Elle fournit en particulier une zone de gagnage pour les espèces aviaires qui peuvent même y nidifier.
[3]   Les marques déposées par le retrait de l’eau sont fixées afin de garder la mémoire des événements extrêmes et servent ensuite à la modélisation et à la prévision des risques.