recherche    pédagogie    workshops                à propos︎

Plug unplugged... Exhibition de Paul mc Carthy sur la place Vendôme et à la Monnaie de Paris.


carnet de recherche
Communication dans le cadre du colloque pluridisciplinaire “Polémiquer - Provoquer - Scandaliser”. Salzburg, 22–24 juin 2017.
Organisation : Peter Kuon, Béatrice Laville, Elisabeth Magne, Suzanne Winter

L’attentat de janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo a suscité en France un intense débat de société sur les contours de la liberté d’expression. Certains défenseurs d’un modèle de libre pensée à la française n’ont visiblement pas été affectés de la même manière par un double acte de vandalisme, certes beaucoup moins grave, mais perpétré quelques semaines plus tôt contre un artiste américain, Paul Mc Carthy et son oeuvre Tree installée place Vendôme à Paris. Si l’affaire a pu susciter quelques indignations, ce sont surtout des réactions haineuses qui se sont exprimées à son encontre, au point que l’artiste fut agressé et l’œuvre mise à bas.
De quoi s’agissait-il exactement ?
Invité à Paris en octobre 2014 par la Foire Internationale d'Art Contemporain, l’artiste californien Paul Mc Carthy, avait installé Place Vendôme une oeuvre gonflable intitulée Tree, reprenant d’une part la forme d’un plug anal et d’autre part, la couleur d’un sapin de Noël, tandis que débutait à la Monnaie de Paris l’exposition de son œuvre Chocolate Factory. Au-delà des méprises habituelles vis-à-vis des représentations et des logiques à l’œuvre dans l’art contemporain, au-delà des polémiques et réactions d’hostilité suscitées par l’érection de cette œuvre gonflable (aussi bien d’ailleurs de la part des contempteurs de l’art contemporain que de certains de ses zélateurs), nous essaierons d’interroger les réactions violentes qu’un tel monument éphémère a pu provoquer, par sa seule présence “obstructive”. Nous analyserons en particulier, à la lumière des textes de l’écrivain et psychanalyste Dominique Laporte[1], la façon dont cet objet de scandale pourrait mettre en évidence une histoire de l’épuration de l’espace public ; où une police du déchet se voit liée circulairement avec une politique de la langue et de la monnaie. À partir des analyses du philosophe Ruwen Ogien sur la liberté d’offenser[2], nous étudierons également la manière dont les référents sexuels et scatologiques de l’artiste, pour autant qu’ils n’ont plus franchement valeur d’écart d’un point de vue esthétique, n’en demeurent pas moins d’éminents facteurs de discordance entre une œuvre, singulière, et les franges fanatisées d’une société obsédée par une fantasmatique identité nationale.

[1]    LAPORTE Dominique, Histoire de la merde. (Prologue). Éditions Christian Bourgois. Collection Première Livraison. Paris. 1978. [2]    OGIEN Ruwen, La liberté d’offenserLe sexe, l’art et la morale. Édition la Musardine. Collection Lattrape-corps. Paris. 2007.