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Journée d’étude “Workshop(s). La fabrique du faire. 2 / Restitutions.”︎


carnet de recherche
Bordeaux, Fabrique POLA, 10 octobre 2019.
Organisation : Claire Azéma, Pierre Bourdareau, Christian Malaurie
Laboratoire CLARE, EA 4593, centre de recherche ARTES
Après une première journée en décembre 2018 (Workshop(s). La fabrique du faire. 1 / Situations︎) au cours de laquelle nous avons abordé les aspects historiques, méthodologiques et pratiques du workshop, nous consacrons, en juin 2019, une deuxième session de communications aux effets, aux conséquences et à la portée médiatique des pratiques du workshop. Dans sa durée limitée, éphémère voire sa dimension performative, le Workshop implique en effet de questionner ses restes, ses traces, ses témoignages.
De l’atelier artisanal hérité des traditions au studio de l’artiste, en passant par le workshop performé ou envisagé comme un happening, la forme du workshop a connu de nombreuses évolutions. Depuis le cours préliminaire du Bauhaus, le Black Mountain College, les expériences de Global tools et nos pratiques actuelles, le workshop semble s’acquitter d’une double mission, celle de produire une expérience créative singulière, souvent intense, et une autre, relative à sa nature événementielle qui est de faire savoir, de communiquer sur ce qui s’est produit durant ce moment.
Les photographies des masques pour afficher une bouche, un nez ou une oreille de Franco Raggi, exposent une production sur le corps menée en 1975 lors d’un workshop de Global Tools. Elles révèlent l’intérêt de l’époque pour la question de la communication entre individus et l’utilisation des médias pour diffuser leur nouvelle esthétique. Ces quelques images, révèlent également, l’absence de représentation du processus d’élaboration de ces masques et mettent l’accent sur ce que le designer cherche à donner à voir pour communiquer un point de vue à partir des résultats de sa pratique. Si dans les années 1970, les designers communiquaient le plus souvent les produits issus d’un workshop par le biais de photographies, de nos jours ils ou elles disposent d’une palette beaucoup plus large d’outils et de médias pour faire connaître les intentions, le déroulement ou les résultats d’un workshop.




Au cours de cette deuxième session de communications, nous souhaitons donc aborder les questions suivantes : du processus de conception et de production qui s’expose en direct, à la restitution a posteriori, comment rendre compte de l’expérience produite par le workshop ? Sous quelles formes et par quels moyens, les designers reconstruisent-ils le récit de ce passé ? Existe-t-il des stratégies de communication selon les contextes et les publics auxquels s’adressent ces restitutions ?
D’un point de vue global sur la question de la restitution qui est une question courante dans le champ des arts, nous aurons à envisager les spécificités de la restitution des processus de projet comme récits de workshops. Quels outils sociologiques, anthropologiques, esthétiques pourraient éclairer le compte rendu du projet en train de se faire ? Comment observer et rendre compte du « faire », des « lignes de croissance » des artefacts et des supports de médiation produits lors de l’événement ? Comment garder trace des interrelations entre le flux de la conscience et la matière- flux des praticiens engagés dans ce moment  ? Avec quels outils l’art et le design se proposent-ils de garder cette matière expérientielle vivante, ou à tout le moins communicable ?
Les designers œuvrant au workshop dans des quartiers ciblés, en lien avec les territoires et les institutions locales, ont souvent besoin de rechercher des financements, de tisser un réseau de partenaires de types variés, les traces et les restitutions sont à lire dans un contexte social donné, elles possèdent même une dimension politique. Il nous faudra donc répondre à ces questions dans des contextes situés pour mesurer les manières dont les instigateurs ou les participants d’un workshop envisagent ou non, dès le départ, la question des résultats du workshop (qu’il y ait ou non production) tout autant que celle de ses modalités d’archivage, lesquelles conditionnent la pratique et la nature de l’atelier lui-même.
Jusqu’où le récit, a posteriori du workshop peut-il réinventer ou réinterpréter la réalité de son expérience ? Les résultats des workshops ou de leurs restitutions sont-ils toujours probants ? Qu’en est-il de l’échec ou de la recréation de l’expérience par la mise en scène de sa médiation ?